Description d'un réveil, comme on goûte un vin L’attaque de ce vin est aigüe. Comme le son du réveil qui pique mes rêves, à coups de lances. Je l’ai aimé ce vin pourtant – trop bu peut-être… Comme cette mélodie que j’avais choisie pour réveil, car elle était douce. Ce n’est pas la musique qui fait le réveil, mais bien le traumatisme du réveil qui modifie, jour après jour, la perception du son. Je sors du sommeil du bout de la langue, je tourne la tête. Un bouquet exhale en fond de bouche. Mon corps roule et s’emmêle dans une mèche de cheveux : son parfum suave fait la suite du réveil plus douce. La puissance des tanins met en confiance, ils sont familiers. Je trouve mes marques dans le plissement des draps : à mes oreilles comme une petite vague qui s’étale sur le sable… et emporte ce qui reste de mes rêves. Que reste-t-il sur mon palet, de ces notes de mûres ? Une vague vision sur un vélo, un soir de septembre ; et la peur de me piquer aux ronces, ma main sur ta peau. Je tente une caresse, pour retrouver le souvenir du velours d’antan ; je découvre la chaleur du soleil à la fin de l’été. Il faut goûter de nouveau, boire pour de vrai. Ecouter encore, mais entendre vraiment. Ce vin a encore beaucoup à me dire. La deuxième gorgée sera dégustée à pleine bouche : car c’est là qu’il s’exprime…